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« Ce qu’on construit dit beaucoup de ce qu’on respecte » – Kise Kura

« Ce qu’on construit dit beaucoup de ce qu’on respecte » – Kise Kura

Par Sadio Konate
« Ce qu’on construit dit beaucoup de ce qu’on respecte » – Kise Kura
Réapprendre à bâtir avec la terre : une solution pour des fermes durables et accessibles
À l’heure où le béton envahit toutes nos zones d’activités, il est temps de poser la question qui dérange : pourquoi avons-nous abandonné les savoir-faire ancestraux qui ont pourtant fait leurs preuves depuis des générations ?
mosquee de djenne
Djenné, December 29, 2013 – La Grande Mosquée de Djenné, plus grand bâtiment en banco du monde et Patrimoine mondial de l’UNESCO Photo MINUSMA/Sophie Ravier
Dans les zones arides et chaudes, comme au Mali, la terre a toujours été notre meilleure alliée. Non seulement elle est disponible localement, mais elle répond aussi aux exigences climatiques, économiques et écologiques de nos territoires.
Idées reçues sur la construction en terre (et la vérité derrière)
Argument 1 : « La terre, c’est pour les pauvres »
Faux. C’est une vision héritée de la colonisation et de l’urbanisation moderne. Pourtant, même des bâtiments prestigieux ou historiques ont été construits en terre comme les mosquées en banco du Mali (Djenné).
Aujourd’hui, l’écoconstruction en terre revient en force chez les architectes du monde entier – y compris dans des projets de luxe.
maison luxueuse en terre
Argument 2 : « Ça ne dure pas longtemps, ça s’effondre avec la pluie »
Faux. Quand les techniques sont maîtrisées (bonne fondation, toiture adaptée, stabilisation si nécessaire), une construction en terre peut durer plusieurs siècles. Le problème vient souvent de malfaçons ou de l’abandon des savoir-faire.
Argument 3 : « C’est moche ou primitif »
Faux. Les constructions en terre offrent des possibilités esthétiques riches : arrondis, textures, fresques murales, enduits naturels… Et une atmosphère intérieure chaleureuse impossible à retrouver dans le béton. C’est aussi un choix artistique, éthique et culturel.
interieur maison en terre
Argument 4 : « C’est fragile face aux tremblements de terre ou au feu »
Pas toujours. La terre bien conçue peut mieux résister que certains bâtiments en béton, surtout dans les zones sismiques ou très chaudes. Elle est aussi moins inflammable que les constructions en bois mal protégées. Des techniques modernes comme les BTC (briques de terre compressée) augmentent encore cette solidité.
Argument 5 : « C’est dépassé, on doit évoluer vers le ciment »
Faux. Le ciment n’est pas un progrès universel. Il est coûteux, polluant à produire, et mal adapté aux zones chaudes (où il emmagasine trop de chaleur). La terre, au contraire, est locale, recyclable, régulatrice de température et non émettrice de CO₂. C’est l’avenir de la construction durable !
fumee de pollution
Argument 6 : « On ne peut pas faire d’étages ou de grandes structures »
Limitée mais possible. Les techniques avec les briques de terre stabilisées permettent de faire des bâtiments à étages. Il faut simplement adapter la structure. Ce n’est pas une limite, c’est un choix architectural réfléchi.
Argument 7 : « Il n’y a plus personne qui sait faire »
Faux. Les savoir-faire existent encore : chez les anciens, dans les villages, et dans les centres de formation spécialisés comme j’ai pu faire dans le sud de la France. Et on peut réapprendre ! C’est même une opportunité d’emploi pour les jeunes et les artisans.
sadio en train de construire un mur en terre compressee
La terre, un matériau d’avenir… venu du passé
Les constructions en terre – pisé, adobe, banco, briques de terre comprimée – ne datent pas d’hier. Elles ont abrité nos ancêtres pendant des siècles, offrant fraîcheur, confort et durabilité, sans nuire à l’environnement.
Aujourd’hui, on parle d’écoconstruction ou de construction passive, mais en réalité, ce sont nos anciens qui maîtrisaient déjà ces principes :
  • Des murs perspirants : les matériaux en terre régulent naturellement l’humidité et la température intérieure, sans clim ni ventilation artificielle.
  • Une grande résistance : bien conçues, ces constructions durent des décennies, voire des siècles.
  • Un coût faible : la terre est gratuite ou peu chère, et les techniques de mise en œuvre sont accessibles.
  • Une solution pour l’autonomie : pas besoin d’une bétonnière, d’ingénieurs ou de matériaux importés pour bâtir des bâtiments agricoles solides et fonctionnels.
Le projet Kise Kura : bâtir autrement, montrer l’exemple
À la ferme Kise Kura, nous avons fait un choix fort : construire toutes nos infrastructures agricoles à base de terre.
plan 3d de la ferme kise kura
Des poulaillers aux abris pour les chèvres, en passant par les ateliers de transformation ou de stockage, chaque bâtiment sera conçu avec ce matériau noble et local. Pourquoi ?
  • Parce que les animaux méritent un habitat sain, ventilé et adapté à leur bien-être.
  • Parce que l’environnement ne doit plus subir les conséquences d’un béton omniprésent.
  • Parce que nous croyons en une agriculture qui respecte la nature, le vivant, et les ressources locales.

Le piège du ciment : illusion de modernité, réalité de dépendance

Le ciment est perçu comme moderne, mais il coûte cher, chauffe les bâtiments, étouffe la terre et accélère les fissures dans un climat chaud.
Résultat ? Des infrastructures inadaptées, des dettes, et une perte de savoir-faire local.
Je me suis formé pour bâtir autrement
Convaincu qu’on peut faire mieux, j’ai suivi une formation dédiée aux techniques de construction en terre.
Mon objectif est simple : proposer des alternatives concrètes, durables et accessibles pour celles et ceux qui veulent bâtir une ferme, un poulailler, un atelier ou une maison à moindre coût… sans sacrifier la qualité.
sadio en formation de construction btc
Et vous, que pouvez-vous faire ?
  • Valorisez les techniques locales : demandez à voir ce qui a toujours existé autour de vous.
  • Formez-vous ou soutenez une formation : la connaissance, c’est le vrai pouvoir.
  • Rejoignez la dynamique Kise Kura : on expérimente, on documente, on transmet.
  • Participez à un chantier participatif : rien de tel que de mettre les mains dans la terre pour comprendre.
  • Diffusez cette vision autour de vous : les solutions existent, elles sont sous nos pieds.
Si vous faites partie de la diaspora ou que vous voulez laisser une trace utile, vous pouvez :
  • Sponsoriser une construction en terre à Kise Kura
  • Devenir mentor d’un jeune porteur de projet local
  • Lancer votre propre micro-exploitation raisonnée en vous inspirant de notre démarche
La terre est là, prête à servir… Il suffit de décider de la modeler avec cœur et conscience.
Vous nous rejoignez ?